Cela fera bientôt deux ans que le monde est entré dans une crise économique d’une ampleur inégalée depuis 80 ans. Pourtant, les efforts pour réguler la finance sont toujours au point mort, comme le montre l’échec des négociations de la semaine dernière.
Rien ne change, suite, mais pas fin
En effet, les ministres des finances du G20 se sont réunis la semaine dernière pour discuter d’une taxe bancaire mondiale. L’idée, poussée par le FMI comme la Commission Européenne, était d’instaurer une taxe sur l’ensemble des institutions financières de manière à alimenter un fonds de soutien qui pourrait servir en cas de nouvelle crise. On pouvait déjà être très sceptique sur cette idée qui ne consiste pas à traiter les causes de la crise mais seulement les conséquences.
En effet, cela signifiait implicitement que les membres du G20 renonçaient à toute régulation et se contentaient d’essayer de mettre de l’argent de côté au cas où, précaution rendue nécessaire par la dégradation de la situation financière de la plupart des Etats. Mais de cela, les pays émergents n’ont pas voulu, estimant qu’ils n’avaient pas à payer pour les banques des pays occidentaux. Comme si les crises s’arrêtaient miraculeusement aux frontières…
Comment réformer la finance ?
Tout ceci montre à nouveau que l’échelle supranationale est totalement impropre à une réforme de la finance. Le FMI et la Commission Européenne se sont contentés de proposer un mécanisme destiné à sanctuariser de l’argent pour secourir les banques sans changer grand chose au mode de fonctionnement des institutions financières. Et la coopération interétatique bute sur la disparité de pays qui ne parviennent pas à se mettre d’accord.
En clair, cela montre que le bon échelon pour réformer la finance est l’échelle nationale. Les nations doivent avancer seules, ou à quelques unes, pour réglementer une profession qui profite de la globalisation pour éviter toutes les règles. Si la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne pouvaient s’entendre, alors tout serait possible. Mais cela ne sera possible qu’en imposant de nouveau un contrôle des mouvements de capitaux pour pouvoir imposer de véritables règles nationales.
Comme d’habitude, les dirigeants de la planète parlent beaucoup de la nécessaire moralisation ou régulation du capitalisme. On voit malheureusement que dans les faits, rien ne bouge, ni n’avance. Jusqu’à la prochaine crise…
Laurent Pinsolle